mercredi 8 juin 2011

BONNE GOUVERNANCE NE RIME PAS AVEC BOULIMIE

Enregistré dans : Non classé — kormarie @ 14:51 Modifier
Nous sommes en 1982. Ce sont les dures années de mise en œuvre des politiques néfastes dictées par la Banque Mondiale. Dans une interview au “Club de la presse du 1/3 monde”, Abdou DIOUF accuse : <<La Banque Mondiale nous demande de scier la branche sur laquelle nous sommes assis>>.

Nous nous trouvons du côté de MERINA DAKHAR, en plein pays cayorien, pour les besoins d'une campagne électorale. L'opportunité nous est offerte de rencontrer l'un des vieux sages du village. Après les salutations d'usage, nous déclinons l'objet de notre “tournée” et sollicitons les prières et conseils de l'Ancien. Alors, à notre grande surprise, il nous lance, sur un ton on-ne-peut plus inquiet :  <<Mes enfants, est-ce sûr ce que vous voulez faire ?>> et puis, constatant notre étonnement, il ajoute : <<Vous voulez enlever du pouvoir des gens qui sont déjà repus pour mettre à leur place d'autres qui ont très faim ; cela ne me rassure pas. Dites-vous bien que les nouveaux dirigeants que vous ferez élire commenceront avant tout par satisfaire leur grosse faim>>.

Naturellement il avait raison, mais notre générosité d'esprit (voire notre naïveté) nous aveuglait et nous empêchait de douter, un seul instant, du “patriotisme” et de “l'honnêteté” des femmes et des hommes avec qui nous menions cette lutte pour le changement.

Aujourd'hui, près de 30 ans après les sages paroles du Patriarche de Mérina Dakhar, la pertinence de sa mise en garde n'en finit pas de se vérifier sous nos. Des compatriotes qui, une semaine avant le 19 mars 2000, couraient derrière les “cars rapides” de Dakar ou se bousculaient dans les “Tangana”, étalent sans retenue ni décence leurs infinies richesses devant un peuple incrédule. Des immeubles imposants et des villas cossues sont érigés, y compris en bord de mer, par d'anciens mauvais payeurs de loyer. De mémoire de sénégalais, on n'avait jamais vu se révéler autant de “nouveaux riches” en si peu de temps. Une véritable génération spontanée !

Et les terres alors ? Des terres, beaucoup de terres, toujours des terres, encore des terres ! C'est une véritable boulimie pour la terre qui s'empare de ces super-citoyens qui se croient certainement immortels. Pour des raisons qui échappent à toute analyse rationnelle, on est prêt à tout pour toujours en posséder plus. Aussi, la dernière révélation venue de MBANE , où l'on apprend que 33400 ha de terres abusivement attribuées à plus de 50 personnalités politiques de très haut rang auraient été récupérées par le Conseil Rural, ne constitue-t-elle qu'un petit exemple parmi des centaines, voire des milliers de scandaleux cas d'abus.

Assurément, le sage avait raison ; il n'est point sûr de confier son “garde-manger” à quelqu'un qui a une fin de loup.

KorMarie

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