mardi 4 décembre 2012

ET MAINTENANT AU BOULOT Mr OBAMA !

Quand, au grand dam des racistes d’Amérique et d’Europe, et à la surprise générale des africains,  il a été élu pour un premier mandat à la tête des Etats Unis d’Amérique, Barack H. Obama n’a pas manqué de susciter chez tous les progressistes, militants de la paix et simples naïfs de ce monde un optimisme vite perçu comme exagéré. En effet, le Président Obama a vite fait, par ses faits et gestes, de montrer à tous qu’il avait été élu pour, d’une part, faire face aux épineux problèmes socio-économiques des américains et, d’autre part, raffermir le rôle de 1er gendarme du monde que les USA ont bruyamment  inauguré à la suite de l’écroulement du « Camp Socialiste ». Faire plaisir aux américains en leur permettant de satisfaire leur besoin pantagruélique de consommation, d’une part et, d’autre part, cultiver chez eux le sentiment qu’ils dominent le monde. C’est là une exigence à laquelle aucun Chef d’Etat américain n’a jamais pu échapper.
Balloté entre les fameux lobbies (Juif/sioniste et militaro-industriel pour ne citer que les plus anciens) qui gouvernent en réalité les Etats Unis, Obama, fut-il africain, de gauche voire humaniste, ne pouvait point faire exception à la règle. De surcroît, dès lors qu’il s’est montré intéressé par un second mandat, il n’avait plus alors d’autre choix que de « jouer serré », de manœuvrer comme à la barre d’un bateau en pleine tempête, entre ses rêves et le cap indiqué contradictoirement par les uns et les autres.
A présent que ce fameux second mandat est acquis, quel Obama allons-nous découvrir ? Y a-t-il des chances que Mr President s’attaque sérieusement à éteindre les foyers de tension au lieu de les allumer ou de les entretenir ? En particulier, verra-t-on s’inaugurer une nouvelle attitude de l’administration américaine à l’égard des pyromanes de l’administration israélienne ? Les dernières agressions de Tsahal sur Gaza et l’extension des colonies juives en Cisjordanie vont-elles prospérer impunément comme par le passé ? Ou bien allons-nous enfin assister à un coup d’arrêt pour aller vers de sérieuses négociations ? Qui vivra verra ; personnellement, je reste sceptique.
serigne malick
  • Voir article ci-dessous ==> « Obama – Netanyahou : dernier round »

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Lu dans Jeune Afrique
ET MAINTENANT AU BOULOT Mr OBAMA ! 029112012190310000000oba1-300x171

<< Obama – Netanyahou : dernier round

Torpillé par le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou lors de son premier mandat, le président américain Barack Obama profitera-t-il de sa réélection pour revenir à la charge et convaincre Tel-Aviv de ne plus faire obstacle à la création d’un État palestinien viable ?
Fraîchement réélu, le président Barack Obama devrait maintenant chercher le moyen de contenir Israël, de faire cesser et même reculer la colonisation en Cisjordanie et, enfin, d’oeuvrer à la création d’un État palestinien. C’est ce qu’attendent de lui le monde arabo-musulman et tous les hommes de bonne volonté qui souhaitent la paix au Moyen-Orient.
Pourra-t-il y parvenir ? Les obstacles sont colossaux. Les États-Unis sont eux-mêmes profondément divisés sur le sujet. L’islamophobie y est devenue endémique. De puissants lobbys, think-tanks, commentateurs et intérêts financiers vont certainement remuer ciel et terre s’ils sentent Obama se démarquer, ne serait-ce que d’un petit pas, du consensus sur l’« inébranlable » alliance américano-israélienne. Surtout, la Chambre des représentants, dominée par les républicains, se situe majoritairement du côté israélien. Or Obama doit collaborer étroitement avec le Congrès pour trouver des compromis sur les questions intérieures urgentes. Dans ce contexte, serait-il bien avisé pour lui d’aborder le sujet hautement controversé de la crise israélo-palestinienne ?
En Israël, le Likoud de Benyamin Netanyahou s’est allié avec Israel Beitenou, le parti nationaliste d’Avigdor Lieberman, pour la campagne des législatives de janvier prochain. Tout gouvernement issu de cette coalition sera plus déterminé que jamais à se battre pour la constitution d’un « Grand Israël », tout en refusant aux Palestiniens la perspective d’un État. Alors que dépérit le camp de la paix dans l’État hébreu, les forces fanatiques y prospèrent, rassemblant des colons violents et sans contrôle, des nationalistes religieux et autres militants de la droite radicale et raciste. En 1995, Yitzhak Rabin, le dernier Premier ministre israélien à avoir sérieusement envisagé la paix avec les Palestiniens, était assassiné par un Juif fanatique ultraorthodoxe de droite. Quel dirigeant israélien – et quel président américain – oserait courir le même risque ?
L’islamophobie est devenue endémique aux États-Unis.
Aussi importants soient-ils, ces obstacles ne sont pas les seuls qui pourraient se dresser devant une initiative américaine. Toute tentative de Washington pour tempérer la politique israélienne est également limitée par les solides liens intergouvernementaux et économiques forgés depuis des années entre les deux pays, en particulier dans les domaines de la défense et du renseignement. Dans ces secteurs clés de sa sécurité nationale, Washington obtient d’Israël quelques utiles secrets. Enfin, il faut prendre en compte les nombreux engagements qu’Israël et ses amis d’outre-Atlantique – de Henry Kissinger à Dennis Ross – ont arrachés aux administrations américaines successives, comme celui de garantir la supériorité militaire d’Israël sur ses voisins et la promesse de ne rien faire sur le front de la paix sans consulter préalablement Tel-Aviv. En d’autres termes, tout président américain qui voudrait s’investir dans la promotion d’une paix juste et équilibrée au Moyen-Orient se retrouverait pieds et poings liés avant même de se lancer dans une si périlleuse aventure.
Cycle infernal
Pourtant, Obama sait très bien ce qui doit être fait. Si l’expansion des colonies israéliennes se poursuit et si les Palestiniens n’obtiennent pas leur État au cours de son second mandat, il faudra prononcer l’acte de décès de la solution des deux États. Ce qui libérera un tsunami de haine, de frustration et de vindicte aussi bien contre les États-Unis que contre Israël. Combien de temps encore l’État hébreu pourra-t-il continuer d’occuper et d’engloutir la Cisjordanie sans être confronté à une troisième intifada et à la réprobation internationale ? Les événements des deux semaines passées nous ont de nouveau rappelé l’extrême dangerosité d’un affrontement israélo-palestinien avec son cycle infernal d’attaques et de représailles. Israël a délibérément envenimé la crise en assassinant mercredi 14 novembre le chef militaire du Hamas, Ahmad Jaabari, meurtre qui semblait destiné à provoquer une réaction violente. Le fils de Jaabari et plusieurs autres Palestiniens, dont un enfant, ont été tués dans ce bombardement ciblé. Comme si l’État hébreu cherchait un prétexte pour envahir de nouveau Gaza. Mais combien de fois encore Israël pourra-t-il envahir Gaza pour éliminer les « terroristes » qui osent se défendre ? Quand est-ce qu’Israël choisira de faire la paix avec ses voisins plutôt que de toujours chercher à les soumettre par la force brutale ? N’est-il pas temps pour les États-Unis de raisonner son impétueux allié ?
Car il ne s’agit pas uniquement d’un problème moyen-oriental, loin de là. Des intérêts vitaux américains sont en jeu. L’alliance « inébranlable » avec Israël expose les États-Unis à la colère des peuples dans la vaste région qui s’étend de l’Afghanistan au Yémen, car au premier rang des griefs arabes et musulmans figure le sort de la Palestine. Obama sait en outre que l’actuelle montée en puissance de l’islam politique dans le monde arabe pose un défi majeur à la présence et à l’influence américaines. La seule manière pour Washington de restaurer sa réputation écornée est de négocier une paix israélo-arabe centrée sur la création d’un État palestinien. Telle était l’idée exprimée par Obama dans son discours du Caire en juin 2009. Elle a été mise en échec par Netanyahou, mais le président réélu doit à tout prix réessayer.
Si Washington veut conserver une influence sur la région, il devra s’élever au-dessus de la mêlée.
Israël a identifié l’Iran comme son plus dangereux ennemi. Mais le militantisme anti-israélien de Téhéran s’évanouirait du jour au lendemain si l’État hébreu venait à conclure une paix honorable avec les Palestiniens. Le seul moyen pour Obama de parvenir à un accord gagnant-gagnant avec l’Iran qui mettrait fin à la menace de prolifération nucléaire et restaurerait les relations entre les États-Unis et la République islamique après trente-trois ans d’une incohérente hostilité est de régler la question israélo-palestinienne.
Principal défi
Si Israël et l’Iran sont à couteaux tirés, c’est essentiellement à cause de la répression impitoyable menée par Israël contre les Palestiniens, pour qui les Iraniens, comme la plupart des musulmans, ressentent une grande empathie. Il y a bien sûr d’autres raisons à cette inimitié réciproque. L’Iran est sous la menace constante d’une attaque israélienne et il est la cible de violentes dénonciations. Israël, en retour, subit la rhétorique agressive de Téhéran. Autre raison fondamentale, Israël considère que sa sécurité nationale passe par l’affaiblissement – idéalement la destruction – de tout voisin susceptible de constituer une menace. L’Irak était la première cible d’Israël, qui a persuadé les États-Unis de le détruire. C’est maintenant au tour de l’Iran de faire face à la charge américaine aiguillonnée par Tel-Aviv. La Syrie, alliée de l’Iran, est en train de s’autodétruire. Mais une fois sa destruction achevée, la vigilance létale d’Israël se tournera sans aucun doute de nouveau contre le Hamas à Gaza et contre le Hezbollah au Liban. L’Arabie saoudite et les pays du Golfe seront-ils les prochaines cibles d’une agression israélienne ?
Obama doit traiter de nombreux dossiers urgents de politique extérieure, dont le recentrage de la puissance militaire américaine en Extrême-Orient pour contenir le défi chinois. Mais il ne peut se permettre de négliger le monde arabo-musulman. Les États-Unis y sont confrontés à leur défi le plus immédiat, plus pressant même que le défi chinois. Amener la paix dans un Moyen-Orient tourmenté sera la tâche principale d’Obama pour son second mandat. Le seul moyen pour les États-Unis d’y parvenir est de s’élever au-dessus de la mêlée et de se montrer enfin capables de traiter avec les deux camps sans préjugé ni parti pris >>.

samedi 28 juillet 2012

MALI : DIONCOUNDA DE RETOUR. ET APRES ?


Le Président du Mali par intérim, Dioncounda Traoré, est de retour au pays depuis hier. Autant dire que le problème n° 1 des maliens est réactivé. Quand, comme votre serviteur, on a séjourné tout récemment dans ce grand pays pendant près de trois semaines, on ne peut se poser qu’une question : comment les maliens vont-ils s’accommoder de la remise en selle de l’homme politique qu’ils détestent le plus ?

Au demeurant, il serait tout aussi légitime de se demander comment cet homme a-t-il pu cristalliser autant d’antipathie  et de défiance de la part d’un peuple dont il a pourtant dirigé l’institution la plus représentative des maliens : le parlement ? A ce propos, justement, 4 maliens sur cinq vous assurent que c’est par un concours de circonstances absolument imprévu qu’il s’est retrouvé au perchoir de l’assemblée Nationale. Quant au choix porté sur lui comme Président p.i., il ne le doit qu’aux « intrigues » des Présidents Alassane Dramane Ouattara[1] et Blaise Compaoré qui sont accusés de jouer, chacun de son côté, « une partition personnelle et intéressée » dans le concert cacophonique des « décisions et contre-décisions incompréhensives de la CEDEAO ».

De loin, je me suis étonné de constater la facilité avec laquelle un Chef d’Etat, fut-il intérimaire, pouvait être coincé dans son palais et bastonné copieusement par des jeunes excités, sans réaction de la part de sa garde rapprochée ( ?!). Le plus étonnant c’est que, visiblement, ces agresseurs n’étaient même pas venus pour tuer. On cherchait juste à « intimider » et « humilier » un homme pour lui enlever l’essentiel de sa dignité et de son envie d’exercer un pouvoir « indûment obtenu ». Contre toute attente, l’homme se révèle tenace dans sa volonté de rester à la barre et de prendre sa revanche sur une population qui le déteste au plus haut point et à qui, probablement, il rend bien ce sentiment.

Aujourd’hui qu’il rentre au pays c’est, paradoxalement, une autre personnalité qui a toujours joui d’un profond respect et d’une grande admiration de la part des maliens voire, au-delà, de tous les fils et filles d’Afrique, qui semble tomber en disgrâce. Cheikh Modibo DIARRA, pour ne pas le nommer, a peut-être eu le tort de vouer à son Chef d’Etat un respect que la plupart des maliens lui refusent. Il faut en effet croire qu’à force de donner du « Monsieur le Président de la République » à longueur de discours, et à force de se référer à ‘’l’autorité’’ de Dioncounda pour tout ce qu’il faisait, lui, le Premier Ministre aux ‘’pleins pouvoirs’’[2], allant jusqu’à lui offrir la paternité des bonnes initiatives qu’il prenait, le génial retraité de la NASA s’est proprement disqualifié. Alors question : les nombreux barbouzes qui peuplent en cette période les palaces bamakois ont-ils misé sur ces petites maladresses pour construire dans l’opinion publique malienne une réputation ‘’d’inconditionnel de Dioncounda’’ à Cheikh Modibo, en sachant que ceci serait fatal au PM ? On peut le croire quand on observe la manière dont, avec le retour à la maison du Président le plus protégé d’Afrique de l’Ouest, la presse occidentale a préparé les maliens au rejet de leur PM. Quel gâchis quand même pour ce brillant intellectuel qui aurait pu valablement prétendre un jour à la direction suprême de son pays, tant le mythe qu’il incarnait était puissant ! Mais peut-être n’a-t-il pas dit son dernier mot…

Quoi qu’il en soit, il semble clair que l’homme fort de Bamako, le Capitaine Amadou Haya Sanogo et sa junte, d’une part et, d’autre part, les partisans du Chef de l’Etat, regroupés dans un front anti-putsch suffisamment informé des nouveaux enjeux, ont entamé depuis hier une lutte feutrée pour le contrôle effectif du pouvoir, autour de celui que les français ont préparé pour jouer un rôle certes discret mais déterminant. Lequel ? L’avenir nous le dira.

En attendant, les maliens attendent avec impatience de prendre connaissance de ce fameux Gouvernement d’Union national sensé apporter la solution à l’occupation du Nord-Mali. Ce GUN bénéficiera-t-il de plus de crédibilité que le précédent. Par quel bout prendra-t-il la question de la reconquête du Nord ? Quelle part sera accordée à la négociation ? Quoi négocier et avec qui ? Avec quel allié s’engagera-t-on dans l’aventure ? Quel rôle jouera la force de la CEDEAO ? Obtiendra-t-on l’aval de l’ONU pour une intervention armée ? Autant de questions qui renseignent bien sur la complexité de la situation. Il faut juste espérer que les manœuvres intérieures pour contrôler le pouvoir et extérieures pour contrôler le Mali ne conduiront pas au pourrissement d’une situation déjà grosse de danger pour toute la sous-région et, au-delà, pour la sécurité du monde.

serigne malick



[1] D’après les maliens avertis, ADO, comme l’appellent ses supporters ivoiriens, s’est donné pour mission de manœuvrer pour ramener le Mali, considéré trop nationaliste, dans le giron et sous le contrôle de la France. Au vu de l’évolution de la situation, il semble ya avoir réussi.
[2] Au moment de la nomination de Cheikh Modibo DIARRA, l’option retenue par la CEDEAO était bien d’en faire un PM aux pleins pouvoirs, ce qui n’a point été respecté puisque Dioncounda est resté au centre du dispositif de Ouattara et Cie.

samedi 5 mai 2012

LU POUR VOUS : France : "Le racisme des intellectuels"


LE RACISME DES INTELLECTUELS

Par Alain Badiou, philosophe, dramaturge et écrivain[1]

L'importance du vote pour Marine Le Pen accable et surprend. On cherche des explications. Le personnel politique y va de sa sociologie portative : la France des gens d'en bas, des provinciaux égarés, des ouvriers, des sous-éduqués, effrayée par la mondialisation, le recul du pouvoir d'achat, la déstructuration des territoires, la présence à leurs portes d'étranges étrangers, veut se replier sur le nationalisme et la xénophobie.
C'est déjà du reste cette France "retardataire" qu'on accusait d'avoir voté non au référendum sur le projet de Constitution européenne. On l'opposait aux classes moyennes urbaines éduquées et modernes, qui font tout le sel social de notre démocratie bien tempérée.
Disons que cette France d'en bas est quand même, en la circonstance, le baudet de la fable, le pelé et le galeux "populiste" d'où nous vient tout le mal lepéniste. Etrange, au demeurant, cette hargne politico-médiatique contre le "populisme". Le pouvoir démocratique, dont nous sommes si fiers, serait-il allergique à ce qu'on se soucie du peuple ? C'est l'avis dudit peuple, en tout cas, et de plus en plus. A la question "les responsables politiques se préoccupent-ils de ce que pensent les gens comme vous ?", la réponse entièrement négative "pas du tout" est passée de 15 % de l'ensemble en 1978 à 42 % en 2010 ! Quant au total des réponses positives ("beaucoup" ou "assez"), il est passé de 35 % à 17 % (on se reportera, pour cette indication statistique et d'autres d'un très grand intérêt, au numéro hors série de la revue La Pensée titré "Le peuple, la crise et la politique" et réalisé par Guy Michelat et Michel Simon). La relation entre le peuple et l'Etat n'est pas faite de confiance, c'est le moins qu'on puisse dire.
Faut-il conclure que notre Etat n'a pas le peuple qu'il mérite, et que le sombre vote lepéniste atteste cette insuffisance populaire ? Il faudrait alors, pour renforcer la démocratie, changer le peuple, comme le proposait ironiquement Brecht...
Ma thèse est plutôt que deux autres grands coupables doivent être mis en avant : les responsables successifs du pouvoir d'Etat, de gauche comme de droite, et un ensemble non négligeable d'intellectuels.
En définitive, ce ne sont pas les pauvres de nos provinces qui ont décidé de limiter autant que faire se peut le droit élémentaire d'un ouvrier de ce pays, quelle que soit sa nationalité d'origine, de vivre ici avec sa femme et ses enfants. C'est une ministre socialiste, et tous ceux de droite ensuite qui se sont engouffrés dans la brèche. Ce n'est pas une campagnarde sous-éduquée qui a proclamé en 1983, que les grévistes de Renault - en effet majoritairement algériens ou marocains - étaient des "travailleurs immigrés (...)agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises".
C'est un premier ministre socialiste, bien entendu à la grande joie de ses "ennemis" de la droite. Qui a eu la bonne idée de déclarer que Le Pen posait les vrais problèmes ? Un militant alsacien du Front national ? Non, c'est un premier ministre de François Mitterrand. Ce ne sont pas des sous-développés de l'intérieur qui ont créé les centres de rétention pour y emprisonner, hors de tout droit réel, ceux qu'on privait par ailleurs de la possibilité d'acquérir les papiers légaux de leur présence.
Ce ne sont pas non plus des banlieusards excédés qui ont ordonné, partout dans le monde, qu'on ne délivre aux gens des visas pour la France qu'au compte-gouttes, pendant qu'on fixait ici même des quotas d'expulsions que devait à tout prix réaliser la police. La succession des lois restrictives, attaquant, sous prétexte d'étrangeté, la liberté et l'égalité de millions de gens qui vivent et travaillent ici, n'est pas l'œuvre de "populistes" déchaînés.
A la manœuvre de ces forfaits légaux, on trouve l'Etat, tout simplement. On trouve tous les gouvernements successifs, dès François Mitterrand, et sans répit par la suite. En la matière, et ce ne sont que deux exemples, le socialiste Lionel Jospin a fait savoir dès son arrivée au pouvoir qu'il n'était pas question d'abolir les lois xénophobes de Charles Pasqua ; le socialiste François Hollande fait savoir qu'on ne décidera pas les régularisations de sans-papiers autrement sous sa présidence que sous celle de Nicolas Sarkozy. La continuité dans cette direction ne fait aucun doute. C'est cet encouragement obstiné de l'Etat dans la vilenie qui façonne l'opinion réactive et racialiste, et non l'inverse.
Je ne crois pas être suspect d'ignorer que Nicolas Sarkozy et sa clique ont été constamment sur la brèche du racisme culturel, levant haut le drapeau de la "supériorité" de notre chère civilisation occidentale et faisant voter une interminable succession de lois discriminatoires dont la scélératesse nous consterne.
Mais enfin, nous ne voyons pas que la gauche se soit levée pour s'y opposer avec la force que demandait un pareil acharnement réactionnaire. Elle a même bien souvent fait savoir qu'elle "comprenait" cette demande de "sécurité", et a voté sans état d'âme des décisions persécutoires flagrantes, comme celles qui visent à expulser de l'espace public telle ou telle femme sous le prétexte qu'elle se couvre les cheveux ou enveloppe son corps.
Ses candidats annoncent partout qu'ils mèneront une lutte sans merci, non tant contre les prévarications capitalistes et la dictature des budgets ascétiques que contre les ouvriers sans papiers et les mineurs récidivistes, surtout s'ils sont noirs ou arabes. Dans ce domaine, droite et gauche confondues ont piétiné tout principe. Ce fut et c'est, pour ceux qu'on prive de papiers, non l'Etat de droit, mais l'Etat d'exception, l'Etat de non-droit. Ce sont eux qui sont en état d'insécurité, et non les nationaux nantis. S'il fallait, ce qu'à Dieu ne plaise, se résigner à expulser des gens, il serait préférable qu'on choisisse nos gouvernants plutôt que les très respectables ouvriers marocains ou maliens.
Et derrière tout cela, de longue date, depuis plus de vingt ans, qui trouve-t-on ? Qui sont les glorieux inventeurs du "péril islamique", en passe selon eux de désintégrer notre belle société occidentale et française ? Sinon des intellectuels, qui consacrent à cette tâche infâme des éditoriaux enflammés, des livres retors, des "enquêtes sociologiques" truquées ? Est-ce un groupe de retraités provinciaux et d'ouvriers des petites villes désindustrialisées qui a monté patiemment toute cette affaire du "conflit des civilisations", de la défense du "pacte républicain", des menaces sur notre magnifique "laïcité", du "féminisme" outragé par la vie quotidienne des dames arabes ?
N'est-il pas fâcheux qu'on cherche des responsables uniquement du côté de la droite extrême - qui en effet tire les marrons du feu - sans jamais mettre à nu la responsabilité écrasante de ceux, bien souvent - disaient-ils - "de gauche", et plus souvent professeurs de "philosophie" que caissières de supermarché, qui ont passionnément soutenu que les Arabes et les Noirs, notamment les jeunes, corrompaient notre système éducatif, pervertissaient nos banlieues, offensaient nos libertés et outrageaient nos femmes ? Ou qu'ils étaient "trop nombreux" dans nos équipes de foot ? Exactement comme on disait naguère des juifs et des "métèques" que par eux la France éternelle était menacée de mort.
Il y a eu, certes, l'apparition de groupuscules fascistes se réclamant de l'islam. Mais il y a tout aussi bien eu des mouvements fascistes se réclamant de l'Occident et du Christ-roi. Cela n'empêche aucun intellectuel islamophobe de vanter à tout bout de champ notre supérieure identité "occidentale" et de parvenir à loger nos admirables "racines chrétiennes" dans le culte d'une laïcité dont Marine Le Pen, devenue une des plus acharnées pratiquantes de ce culte, révèle enfin de quel bois politique il se chauffe.
En vérité, ce sont des intellectuels qui ont inventé la violence antipopulaire, singulièrement dirigée contre les jeunes des grandes villes, qui est le vrai secret de l'islamophobie. Et ce sont les gouvernements, incapables de bâtir une société de paix civile et de justice, qui ont livré les étrangers, et d'abord les ouvriers arabes et leurs familles, en pâture à des clientèles électorales désorientées et craintives. Comme toujours, l'idée, fût-elle criminelle, précède le pouvoir, qui à son tour façonne l'opinion dont il a besoin. L'intellectuel, fût-il déplorable, précède le ministre, qui construit ses suiveurs.
Le livre, fût-il à jeter, vient avant l'image propagandiste, laquelle égare au lieu d'instruire. Et trente ans de patients efforts dans l'écriture, l'invective et la compétition électorale sans idée trouvent leur sinistre récompense dans les consciences fatiguées comme dans le vote moutonnier.
Honte aux gouvernements successifs, qui ont tous rivalisé sur les thèmes conjoints de la sécurité et du "problème immigré", pour que ne soit pas trop visible qu'ils servaient avant tout les intérêts de l'oligarchie économique ! Honte aux intellectuels du néo-racialisme et du nationalisme bouché, qui ont patiemment recouvert le vide laissé dans le peuple par la provisoire éclipse de l'hypothèse communiste d'un manteau d'inepties sur le péril islamique et la ruine de nos "valeurs" !
Ce sont eux qui doivent aujourd'hui rendre des comptes sur l'ascension d'un fascisme rampant dont ils ont encouragé sans relâche le développement mental.
Alain Badiou, philosophe, dramaturge et écrivain ; LE MONDE | 05.05.2012


[1] Né en 1937, professeur de philosophie à l'Ecole normale supérieure, Alain Badiou articule pensée formelle et récit littéraire, argumentation conceptuelle et intervention politique. Il est notamment l'auteur d'Entretiens I (Nous, 2011), de La République de Platon (Fayard, 596 p., 24,50 €) et, dans la série "Circonstances", aux Nouvelles Editions Lignes, de Sarkozy : pire que prévu, les autres : prévoir le pire.

samedi 28 avril 2012

http://serignemalick.unblog.fr/ce-quen-pensent-nos-amis/

dimanche 25 mars 2012

AU-DESSUS DE TOUT, LE SENEGAL ET LES SENEGALAIS


C’est fait. Le Président sortant, Me Abdoulaye WADE, a félicité publiquement son tout prochain remplaçant. Venant d’un homme de son âge, dont la candidature était loin de faire l’unanimité, et qui avait bénéficié du même geste, il y a douze ans, de la part de son illustre prédécesseur, M. Abdou DIOUF, c’était la moindre des politesses. Grâce à Dieu, les faucons tapis dans le palais et au quartier général du Parti Démocratique Sénégalais, n’auront pas l’occasion de provoquer la confusion et les troubles que certains redoutaient.

L’honneur est donc sauf, en même temps que la paix cultivée par les électeurs (trices) sénégalais(es) depuis le 1er tour du 26 février 2012. Il faut dire que la tache de Me WADE et de ses ‘’avisés’’ conseillers a été grandement facilitée par les proportions ‘’monstrueuses’’ qu’était en train de prendre, au fil des minutes, la défaite du camp présidentiel. En ‘’abdiquant’’ si tôt, le Président a réussi à minimiser l’effet de l’énorme écart qui le sépare, dans pratiquement tous les centres de vote, du candidat Macky SALL. Et « le combat cessa alors faute de combattant », et avec lui, tomba toute la stupeur née de l’ampleur du score du vainqueur. Bien joué finalement, mais qu’importe.

L’essentiel est que demain, les sénégalais vont enfin passer à autre chose. Le travail va reprendre et les plaies vont être pansées. Les parents qui s’étaient éloignés vont se rabibocher. Les rapports de cousinage vont reprendre le dessus…

Pourtant il ne faudra pas oublier…
  • Des jeunes vies ont été fauchées (plus d’une dizaine) et de nombreux sénégalais pansent encore leurs blessures à cause d’une constitution qui favorise la confusion et l’équivoque, mais aussi en raison d’une confiscation de tous les pouvoirs par une seule des institutions : l’Exécutif.
  • Le sénégalais moyen vivote et se débat dans une ‘’dèche’’ ambiante où l’on cherche péniblement à survivre au renchérissement extraordinaire des denrées de première nécessité.
  • Une jeunesse, majorité écrasante de ce pays, fait face à l’incertitude du lendemain en raison du blocage de l’école et de l’Université, des perspectives bouchées et de sa marginalisation au moment de décider des politiques qui la concerne directement.
  • La corruption et l’impunité ont atteint dans notre pays des proportions effroyables, au point qu’on se demande s’il sera jamais possible de les éradiquer.
  • Face à la perte des repères et à la crise des valeurs, la citoyenneté bat dangereusement de l’aile (Sous ce rapport, on s’attend dès le lendemain de l’élection à une vague de transhumance jamais égalée afin d’échapper, qui à la sanction exprimée par les sénégalais à travers leur vote, qui aux audits et à la justice).
Pour toutes ces raisons, les sénégalais que j’ai vu voter n’ont pas élu Macky SALL. Ils ont, à l’occasion d’un référendum qui ne disait pas son nom, exprimé leur ‘’NON’’ retentissant au régime actuel, dont Abdoulaye WADE n’était que le défenseur zélé (Je suis de ceux qui croient qu’en réalité le Président sortant a cessé depuis très longtemps de diriger le Sénégal). Il est essentiel que le successeur de Me WADE adopte ce décryptage des résultats enregistrés en ce 25 mars qui, pour ceux qui savent (…) n’est guère une date fortuite.

A cette condition, notre nouveau Président tirera profit du formidable rassemblement qui s’est opéré autour de sa personne pour inaugurer une gouvernance inclusive et participative, une gestion marquée par un sens élevé de l’Etat et des valeurs républicaines, qui fera place à la concertation, à la transparence, à la recherche de l’efficacité, de l’efficience et de la justice sociale.

Un pays comme le Sénégal ne se gouverne pas SEUL ni enfermé entre quatre murs. Déjà pendant sa campagne, le nouveau Président a beaucoup appris des sénégalais. Il  faut qu’il reste dans cette dynamique faite d’humilité, de sens de l’écoute et de réceptivité. Les pièges ne manqueront pas, mais les pires écueils à éviter seront la suffisance et l’arrogance, pour tout dire le ‘’beew’’.  Le peuple restera vigilent et ce qu’il a su faire par deux fois (en 2000 et en 2012), il saura le recommencer au besoin. A BON ENTENDEUR, SALUT !

serigne malick

mardi 21 février 2012

PAROLES D’OUTRE-TOMBE (SUITE) ; en hommage à Feu le Pr Sémou Pathé GUEYE


En guise d’excuses…

En rédigeant mon « papier » intitulé « Nouveau départ », je croyais être débarrassé de la torture que m’imposait la SONATEL / ORANGE depuis début novembre 2011. Il n’en était rien. A peine avait-on fini de rétablir ma connexion à l’Internet que je la perdais à nouveau, et pour longtemps. Finalement, il ne s’agissait que d’un tout petit problème au niveau de la prise de téléphone ; mais comme personne n’avait daigné regarder de ce côté-là…

Bref, je suis à nouveau connecté et, faute de pouvoir rattraper le temps perdu, je vais essayer tenir au moins, pour l’heure, de tenir une promesse faite, dans mon article intitulé ‘’Paroles d’outre-tombe’’, aux ami(e)s que la relecture de notre regretté Pr Sémou Pathé GUEYE intéresse.

Je le fais à un moment où notre pays, du fait de l’entêtement du ''Prince'' et de l’arrogance de ses serviteurs, est en train de plonger depuis quelques jours dans un cycle de violence dont les conséquences pourraient, à défaut d’un sursaut de raison, se révéler catastrophiques. D’ores et déjà, plusieurs jeunes à la fleur de l’âge ont été fauchés du fait de l’aveuglement des forces répressives réactionnaires ; mais il n’est pas encore tard d’arrêter la machine répressive avant l’emballement que craignent tous les patriotes de bonne volonté.

Les violences que connaît le Sénégal interpelant avant tout le Chef de l’Etat dont la volonté de se représenter est vivement contestée par l’écrasante majorité des jeunes qui, en 2000, l’avaient porté au pouvoir, j’ai choisi de publier aujourd’hui un second extrait dans lequel l’Auteur de ‘’DU BON USAGE DE LA DEMOCRATIE EN FRIQUE’’ suggère des règles de bonne gouvernance pouvant « installer durablement la société dans la paix, la liberté et la sécurité ».

 Très prochainement, nous livrerons un dernier extrait dans lequel Feu le Pr Sémou Pathé GUEYE traite des ‘’paradigmes’’ qui gouvernent la conduite ‘’machiavélique’’ d’un certain type de dirigeants prêts à tout pour conserver le pouvoir au bénéfice exclusif de leur clan ou de leur famille.

Bonne lecture !

serigne malick
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EXTRAIT N° 2 :

Des « REGLES » devant régir un « ESPACE PUBLIC CIVILISE »
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« La première de ces règles qui concerne le sens et la finalité de la politique pose la nécessité de s’accorder pour considérer que la politique doit servir les hommes plutôt que de se servir d’eux.
Au nom de cette règle, toute politique qui, directement ou indirectement, peut remettre en cause la dignité de l’homme, ses droits fondamentaux, sa liberté, sa sécurité et celle de ses biens, son intégrité physique et morale, ou qui peut compromettre son bien-être et son plein épanouissement individuel, doit être considérée comme illégitime, moralement inacceptable et donc fermement condamnée et combattue en tant que telle.

La deuxième règle concerne les moyens de la politique. Celle-ci ne pouvant et ne devant pas être considérée comme un jeu sans foi ni loi, tous les acteurs doivent s’accorder pour refuser de considérer que tous les moyens sont bons en politique pourvu qu’ils fassent gagner. En conséquence toute démarche politique qui, au nom du « pragmatisme », c’est-à-dire de la promotion du succès et de l’efficacité en critères exclusifs d’appréciation de sa valeur, reviendrait à faire fi de l’exigence de vérité, de toute idée de bien commun et de toute considération de moralité, est condamnable non seulement dans son principe mais aussi dans les effets destructeurs qu’elle a nécessairement pour la vie en commun qu’elle fait nécessairement reposer sur la loi du plus fort.

La troisième règle concerne la responsabilité partagée des acteurs dans l’instauration au sein de la société d’un climat politique et social pouvant permettre à chacun de vivre en paix, en liberté et en toute sécurité pour soi-même et pour ses biens.
Il consiste pour eux à accepter que, quelque juste que puisse être une cause, la démarche et les moyens de sa défense doivent rester dans des limites compatibles avec les exigences d’une coexistence sociale libre, pacifique et sûre. En conséquence, au pouvoir comme dans l’opposition, les protagonistes de la vie publique doivent, dans la gestion de leurs différences et de leurs différends éventuels, s’interdire tout ce qui pourrait contrevenir à une telle règle. Cela suppose évidemment que chacun soit respecté dans son identité, dans ses droits et dans ses intérêts légitimes en tant que membre à part entière de la société, que la loi y existe pour tous et s’y applique également à tous, et que tous soient placés dans des conditions équitables d’accès aux opportunités de promotion politique, économique, sociale et culturelle existant dans la société. Cela suppose aussi que l’arbitraire y soit banni sous toutes ses formes et que nul ne fasse l’objet d’injustice ou de préjudices  de quelque nature que ce soit qu’il pourrait invoquer pour, au nom de la légitime défense, y répondre par des attitudes et des moyens qui pourraient finalement plonger la société dans l’insécurité, la violence et le chaos. Cela suppose enfin que tous soient animés du souci permanent de réduire autant que possible les sources de tension pouvant exister entre eux, et à défaut de pouvoir les prévenir, qu’ils puissent convenir de mécanismes et de moyens appropriés de leur résolution pacifique.

La quatrième règle consiste pour tous les acteurs à comprendre et à accepter qu’on ne peut légitimement gouverner la société qu’avec son accord dûment établi à partir de procédures définies dans ce sens. Cela signifie non seulement qu’il n’y a qu’une seule voie acceptable pour conquérir ou conserver le pouvoir, la voie démocratique, mais aussi qu’aucune décision politique ou sociale de portée individuelle ou collective concernant les citoyens ne saurait être considérée comme légitime  qu’à la condition expresse que ces derniers aient été mis en situation de pouvoir en connaître préalablement et de pouvoir l’accepter ou la rejeter librement. Toute violence de quelque nature que ce soit, physique, intellectuelle, morale… doit être formellement bannie comme mode de règlement des contradictions politiques.

La cinquième règle est une sorte d’application sur le terrain strictement politique de ce que Hans Jonas avait appelé « le principe responsabilité ». Elle consiste, pour les protagonistes de e la vie publique, à s’accorder pour considérer comme illégitime toute action, attitude ou démarche politique dont la nature ou les conséquences pourraient directement ou indirectement nuire aux intérêts des générations à venir. Cela signifie que dans leur manière de gérer le présent, ils doivent s’abstenir de tout ce qui reviendrait à compromettre sérieusement le futur, notamment en laissant en héritage à ces générations des difficultés et des contradictions qui ne résulteraient que de leur incapacité de prendre rigoureusement en compte l’intérêt général bien compris, actuel et à venir de la société (…).

Notre conviction profonde est que le respect par tous de ces règles pourrait installer durablement la société dans la paix, la liberté et la sécurité (…) ».