mardi 21 février 2012

PAROLES D’OUTRE-TOMBE (SUITE) ; en hommage à Feu le Pr Sémou Pathé GUEYE


En guise d’excuses…

En rédigeant mon « papier » intitulé « Nouveau départ », je croyais être débarrassé de la torture que m’imposait la SONATEL / ORANGE depuis début novembre 2011. Il n’en était rien. A peine avait-on fini de rétablir ma connexion à l’Internet que je la perdais à nouveau, et pour longtemps. Finalement, il ne s’agissait que d’un tout petit problème au niveau de la prise de téléphone ; mais comme personne n’avait daigné regarder de ce côté-là…

Bref, je suis à nouveau connecté et, faute de pouvoir rattraper le temps perdu, je vais essayer tenir au moins, pour l’heure, de tenir une promesse faite, dans mon article intitulé ‘’Paroles d’outre-tombe’’, aux ami(e)s que la relecture de notre regretté Pr Sémou Pathé GUEYE intéresse.

Je le fais à un moment où notre pays, du fait de l’entêtement du ''Prince'' et de l’arrogance de ses serviteurs, est en train de plonger depuis quelques jours dans un cycle de violence dont les conséquences pourraient, à défaut d’un sursaut de raison, se révéler catastrophiques. D’ores et déjà, plusieurs jeunes à la fleur de l’âge ont été fauchés du fait de l’aveuglement des forces répressives réactionnaires ; mais il n’est pas encore tard d’arrêter la machine répressive avant l’emballement que craignent tous les patriotes de bonne volonté.

Les violences que connaît le Sénégal interpelant avant tout le Chef de l’Etat dont la volonté de se représenter est vivement contestée par l’écrasante majorité des jeunes qui, en 2000, l’avaient porté au pouvoir, j’ai choisi de publier aujourd’hui un second extrait dans lequel l’Auteur de ‘’DU BON USAGE DE LA DEMOCRATIE EN FRIQUE’’ suggère des règles de bonne gouvernance pouvant « installer durablement la société dans la paix, la liberté et la sécurité ».

 Très prochainement, nous livrerons un dernier extrait dans lequel Feu le Pr Sémou Pathé GUEYE traite des ‘’paradigmes’’ qui gouvernent la conduite ‘’machiavélique’’ d’un certain type de dirigeants prêts à tout pour conserver le pouvoir au bénéfice exclusif de leur clan ou de leur famille.

Bonne lecture !

serigne malick
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EXTRAIT N° 2 :

Des « REGLES » devant régir un « ESPACE PUBLIC CIVILISE »
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« La première de ces règles qui concerne le sens et la finalité de la politique pose la nécessité de s’accorder pour considérer que la politique doit servir les hommes plutôt que de se servir d’eux.
Au nom de cette règle, toute politique qui, directement ou indirectement, peut remettre en cause la dignité de l’homme, ses droits fondamentaux, sa liberté, sa sécurité et celle de ses biens, son intégrité physique et morale, ou qui peut compromettre son bien-être et son plein épanouissement individuel, doit être considérée comme illégitime, moralement inacceptable et donc fermement condamnée et combattue en tant que telle.

La deuxième règle concerne les moyens de la politique. Celle-ci ne pouvant et ne devant pas être considérée comme un jeu sans foi ni loi, tous les acteurs doivent s’accorder pour refuser de considérer que tous les moyens sont bons en politique pourvu qu’ils fassent gagner. En conséquence toute démarche politique qui, au nom du « pragmatisme », c’est-à-dire de la promotion du succès et de l’efficacité en critères exclusifs d’appréciation de sa valeur, reviendrait à faire fi de l’exigence de vérité, de toute idée de bien commun et de toute considération de moralité, est condamnable non seulement dans son principe mais aussi dans les effets destructeurs qu’elle a nécessairement pour la vie en commun qu’elle fait nécessairement reposer sur la loi du plus fort.

La troisième règle concerne la responsabilité partagée des acteurs dans l’instauration au sein de la société d’un climat politique et social pouvant permettre à chacun de vivre en paix, en liberté et en toute sécurité pour soi-même et pour ses biens.
Il consiste pour eux à accepter que, quelque juste que puisse être une cause, la démarche et les moyens de sa défense doivent rester dans des limites compatibles avec les exigences d’une coexistence sociale libre, pacifique et sûre. En conséquence, au pouvoir comme dans l’opposition, les protagonistes de la vie publique doivent, dans la gestion de leurs différences et de leurs différends éventuels, s’interdire tout ce qui pourrait contrevenir à une telle règle. Cela suppose évidemment que chacun soit respecté dans son identité, dans ses droits et dans ses intérêts légitimes en tant que membre à part entière de la société, que la loi y existe pour tous et s’y applique également à tous, et que tous soient placés dans des conditions équitables d’accès aux opportunités de promotion politique, économique, sociale et culturelle existant dans la société. Cela suppose aussi que l’arbitraire y soit banni sous toutes ses formes et que nul ne fasse l’objet d’injustice ou de préjudices  de quelque nature que ce soit qu’il pourrait invoquer pour, au nom de la légitime défense, y répondre par des attitudes et des moyens qui pourraient finalement plonger la société dans l’insécurité, la violence et le chaos. Cela suppose enfin que tous soient animés du souci permanent de réduire autant que possible les sources de tension pouvant exister entre eux, et à défaut de pouvoir les prévenir, qu’ils puissent convenir de mécanismes et de moyens appropriés de leur résolution pacifique.

La quatrième règle consiste pour tous les acteurs à comprendre et à accepter qu’on ne peut légitimement gouverner la société qu’avec son accord dûment établi à partir de procédures définies dans ce sens. Cela signifie non seulement qu’il n’y a qu’une seule voie acceptable pour conquérir ou conserver le pouvoir, la voie démocratique, mais aussi qu’aucune décision politique ou sociale de portée individuelle ou collective concernant les citoyens ne saurait être considérée comme légitime  qu’à la condition expresse que ces derniers aient été mis en situation de pouvoir en connaître préalablement et de pouvoir l’accepter ou la rejeter librement. Toute violence de quelque nature que ce soit, physique, intellectuelle, morale… doit être formellement bannie comme mode de règlement des contradictions politiques.

La cinquième règle est une sorte d’application sur le terrain strictement politique de ce que Hans Jonas avait appelé « le principe responsabilité ». Elle consiste, pour les protagonistes de e la vie publique, à s’accorder pour considérer comme illégitime toute action, attitude ou démarche politique dont la nature ou les conséquences pourraient directement ou indirectement nuire aux intérêts des générations à venir. Cela signifie que dans leur manière de gérer le présent, ils doivent s’abstenir de tout ce qui reviendrait à compromettre sérieusement le futur, notamment en laissant en héritage à ces générations des difficultés et des contradictions qui ne résulteraient que de leur incapacité de prendre rigoureusement en compte l’intérêt général bien compris, actuel et à venir de la société (…).

Notre conviction profonde est que le respect par tous de ces règles pourrait installer durablement la société dans la paix, la liberté et la sécurité (…) ».