dimanche 25 mars 2012

AU-DESSUS DE TOUT, LE SENEGAL ET LES SENEGALAIS


C’est fait. Le Président sortant, Me Abdoulaye WADE, a félicité publiquement son tout prochain remplaçant. Venant d’un homme de son âge, dont la candidature était loin de faire l’unanimité, et qui avait bénéficié du même geste, il y a douze ans, de la part de son illustre prédécesseur, M. Abdou DIOUF, c’était la moindre des politesses. Grâce à Dieu, les faucons tapis dans le palais et au quartier général du Parti Démocratique Sénégalais, n’auront pas l’occasion de provoquer la confusion et les troubles que certains redoutaient.

L’honneur est donc sauf, en même temps que la paix cultivée par les électeurs (trices) sénégalais(es) depuis le 1er tour du 26 février 2012. Il faut dire que la tache de Me WADE et de ses ‘’avisés’’ conseillers a été grandement facilitée par les proportions ‘’monstrueuses’’ qu’était en train de prendre, au fil des minutes, la défaite du camp présidentiel. En ‘’abdiquant’’ si tôt, le Président a réussi à minimiser l’effet de l’énorme écart qui le sépare, dans pratiquement tous les centres de vote, du candidat Macky SALL. Et « le combat cessa alors faute de combattant », et avec lui, tomba toute la stupeur née de l’ampleur du score du vainqueur. Bien joué finalement, mais qu’importe.

L’essentiel est que demain, les sénégalais vont enfin passer à autre chose. Le travail va reprendre et les plaies vont être pansées. Les parents qui s’étaient éloignés vont se rabibocher. Les rapports de cousinage vont reprendre le dessus…

Pourtant il ne faudra pas oublier…
  • Des jeunes vies ont été fauchées (plus d’une dizaine) et de nombreux sénégalais pansent encore leurs blessures à cause d’une constitution qui favorise la confusion et l’équivoque, mais aussi en raison d’une confiscation de tous les pouvoirs par une seule des institutions : l’Exécutif.
  • Le sénégalais moyen vivote et se débat dans une ‘’dèche’’ ambiante où l’on cherche péniblement à survivre au renchérissement extraordinaire des denrées de première nécessité.
  • Une jeunesse, majorité écrasante de ce pays, fait face à l’incertitude du lendemain en raison du blocage de l’école et de l’Université, des perspectives bouchées et de sa marginalisation au moment de décider des politiques qui la concerne directement.
  • La corruption et l’impunité ont atteint dans notre pays des proportions effroyables, au point qu’on se demande s’il sera jamais possible de les éradiquer.
  • Face à la perte des repères et à la crise des valeurs, la citoyenneté bat dangereusement de l’aile (Sous ce rapport, on s’attend dès le lendemain de l’élection à une vague de transhumance jamais égalée afin d’échapper, qui à la sanction exprimée par les sénégalais à travers leur vote, qui aux audits et à la justice).
Pour toutes ces raisons, les sénégalais que j’ai vu voter n’ont pas élu Macky SALL. Ils ont, à l’occasion d’un référendum qui ne disait pas son nom, exprimé leur ‘’NON’’ retentissant au régime actuel, dont Abdoulaye WADE n’était que le défenseur zélé (Je suis de ceux qui croient qu’en réalité le Président sortant a cessé depuis très longtemps de diriger le Sénégal). Il est essentiel que le successeur de Me WADE adopte ce décryptage des résultats enregistrés en ce 25 mars qui, pour ceux qui savent (…) n’est guère une date fortuite.

A cette condition, notre nouveau Président tirera profit du formidable rassemblement qui s’est opéré autour de sa personne pour inaugurer une gouvernance inclusive et participative, une gestion marquée par un sens élevé de l’Etat et des valeurs républicaines, qui fera place à la concertation, à la transparence, à la recherche de l’efficacité, de l’efficience et de la justice sociale.

Un pays comme le Sénégal ne se gouverne pas SEUL ni enfermé entre quatre murs. Déjà pendant sa campagne, le nouveau Président a beaucoup appris des sénégalais. Il  faut qu’il reste dans cette dynamique faite d’humilité, de sens de l’écoute et de réceptivité. Les pièges ne manqueront pas, mais les pires écueils à éviter seront la suffisance et l’arrogance, pour tout dire le ‘’beew’’.  Le peuple restera vigilent et ce qu’il a su faire par deux fois (en 2000 et en 2012), il saura le recommencer au besoin. A BON ENTENDEUR, SALUT !

serigne malick